Sans être parti, je ne suis déjà plus là. Je suis en train de réfléchir au meilleur moyen de m'isoler de ce monde de merde, encore plus intensément que je n'ai réussi à le faire jusqu'à présent. Je me dis qu'il doit être possible de construire un univers parallèle à cette civilisation à la con, une sorte d'abri dans lequel se réfugier facilement, le plus souvent possible, en attendant la fin des temps. Je mets de côté les solutions rapides et radicales telles que les drogues, trop illusoires, ou la transe, trop épuisante ; je ne pense pas aux techniques méditatives, tels que la prière, le yoga et ces choses là qui demandent d'avoir
a priori la foi ; je délaisse la musique, pas toujours suffisamment prenante, mais aussi, parce que je ne veux pas perturber les moments de repos sacrés de mes animaux ; je ne peux uniquement compter sur la lecture, car je ne ferais que lire, ce qui a pour inconvénient une certaine passivité ; il y a bien le dessin, la peinture, la sculpture, le macramé, le sudoku et les mots croisés, mais ça ne me dit rien ; j'ai depuis longtemps cessé de jouer aux échecs contre l'ordinateur : à force de le battre régulièrement, je n'y prends plus beaucoup de plaisir. Alors, je réfléchis encore. Je trouverai.