mercredi 2 février 2011

Craven A

J'ai fumé, ce matin, la dernière Craven A sans filtre. La Régie des Tabacs ne distribue plus que des cigarettes dotées d'un filtre. J'ai donc choisi de fumer des Winston, une marque que j'achetais régulièrement avant que je ne m'installe définitivement en France, il y longtemps, maintenant. Frank Zappa fumait des Winston. Je viens d'ouvrir le second paquet de la journée. J'ai légèrement mal au crâne. Je regrette déjà les Craven A. Je me sens aussi largué que Jeeter Lester, le patriarche de La route du tabac d'Erskine Caldwell. Pour me consoler, je pense à l'époque où la cigarette ne représentait pas encore le mal absolu pour les hygiénistes hystériques du IIIè millénaire. Je fais jouer Everybody's talking at me de Beautifull South. Cette version est un peu différente de celle de Harry Nilsson, dans Midnigth Cowboy. Pat est d'ailleurs très content d'entendre cette balade. Ce genre de musique évoque pour lui l'atmosphère au cours du long trajet fait entre la Mexique et le Michigan, quand, pour quelques jours seulement, j'avais de nouveau grillé des Winston.

La sieste

Il y a quelques jours, Pat faisait une importante découverte. Il s'est rendu compte que le routeur — matériel pour diriger les données à travers un réseau, soit, dans ce cas, un rectangle de la taille d'un gros livre de cuisine —, dégageait une douce et agréable chaleur. Il me faut dire que Pat a connu des jours difficiles dans sa jeunesse, avant de fuir à jamais sa lointaine Sibérie natale. Depuis qu'il vit ici, sous un climat un peu plus tempéré, Pat aime faire sa sieste dans des conditions qui lui font oublier les affres des épouvantables hivers passés dans la toundra. Pour lui, rien ne vaut un bon radiateur.pat sur le routeurAinsi, le routeur représente le chauffage idéal : un petit sommier en plastique tiède et bien lisse, sur lequel il peut coller son ventre quand, après une bon repas, lui vient l'envie de faire une courte sieste. Mais, pour éviter à Pat que son corps grassouillet ne soit bombardé par une trop grande quantité d'ondes électromagnétiques, je débranche alors délicatement le routeur. Puis, j'attends patiemment que Pat sorte de sa sieste. Quand Pat est de nouveau réveillé, lorsqu'il quitte à regret le douillet sommier électronique, après avoir vingt fois baillé tel le Roi de la savane, je reconnecte mon PC à Internet. Hé oui, je vis au rythme de mes animaux.

jeudi 27 janvier 2011

Sony Reader

J'avais plusieurs fois essayé de la dissuader, persuadé qu'il ne s'agissait là que d'un gadget électronique de plus, mais BBL n'a rien voulu entendre. Il y a une dizaine de jours, elle est rentrée à la maison avec, dans son sac, une boite en carton qu'elle m'a tendue en disant : "Tiens, c'est pour toi." La boite contenait un Sony Reader PRS-650 Touch Edition. Après avoir mis en fonction la petite machine, j'ai aussitôt été conquis. Je n'avais plus qu'à remercier vivement BBL et la féliciter pour cette excellente initiative. Depuis dix jours, mon temps de lecture quotidien a redoublé. Voilà plus d'une semaine que je n'ai pas ouvert de livre en papier. La lecture sur ce reader est aussi agréable à faire que sur un page bien imprimée. J'ai commencé par finir de lire Vingt-quatre heure de la vie d'une femme de Stefan Zweig que j'avais entrepris quelques jours auparavant sur le PC, mais vite abandonnée en raison de la fatigue visuelle procurée par l'écran LCD, comme tout écran rétro-éclairé. J'ai laissé de côté Les fous du roi de Robert Warren Penn entamé entre temps sur un livre de poche et je me suis attaqué, toujours sur le reader, aux Âmes mortes de Nicolas Gogol, un roman que je n'ai pas, à l'heure qu'il est, encore terminé. Hier, j'ai chargé l'oeuvre complète de Camus, tombée dans la domaine public au Canada. Après l'avoir transférée sur le Sony, j'ai lu, dans la nuit, une centaine de pages concernant ses chroniques, pour reprendre, cet après-midi, la lecture captivante et hilarante de Gogol. D'ailleurs, Pat et Schnoo aiment beaucoup que je les tienne au courant des péripéties de Pavel Ivanovitch Tchitchikov, que je leurs lise à voix haute quelques passages de ce merveilleux roman. Et c'est bien ce que je vais de nouveau faire, une fois cette note publiée. Allez, tout le monde grimpe dans la britchka. En route pour de nouvelles aventures et dites merci à BBL !

mercredi 12 janvier 2011

Skyline




The Ballroom Blitz

BBL a raison : je devrais laisser de côté mon PC plus souvent. Elle est contente de me lire en ligne, d'accéder à mes photos ou mes planches digitales, de suivre mes tumblrs ou posterous, pourtant elle pense que je ferai mieux de consacrer plus de temps à la lecture de romans. "Lis essentiellement des romans" me conseille-t-elle. Je suis d'accord avec BBL. D'autant plus d'accord que je me suis lassé des essais. En effet, au cours de ces dernières années, la sociologie, l'anthropologie, la linguistique, la philosophie ont rivalisé pour orchestrer le grand bal de mes neurones. Je réalise aujourd'hui que ma cervelle, qui a trop souvent été à la fête, n'a pas très bonne mine. Il est temps que je prenne la clef des romans pour rouvrir une porte laissée trop longtemps fermée. Il me faut franchir vers la lumière le seuil de la bibliothèque des livres qui ne se lisent qu'un crayon à la main. J'ai besoin d'évasion, de gambader loin des laboratoires, loin des fabriques de la pensée. J'ai ouvert dimanche soir Les Fous du Roi de Robert Penn Warren et repris la lecture de ce somptueux roman, un livre acheté d'occasion chez Gibert peu de temps après mon premier naufrage sur les côtes du Languedoc-Roussillon, il y a trente ans, maintenant. "C’était comme si le temps enduisait de son onguent rafraîchissant la pustule maligne et le prurit de l’âme." me rappelle Robert Penn Warren.

mardi 11 janvier 2011

Cinéma nocturne

Je suis fatigué. Je n'aurais jamais dû raconter à Pat et Schnoo que, dans ma jeunesse, j'allais souvent regarder au cinéma de très mauvais films de karaté, sous-titrés en français, produits à Hong Kong et distribués à bas prix dans des pays comme le bled. Pat et Schnoo ont alors insisté pour que je leur décrive quelques scènes. Je suis un piètre conteur, mais, pour leur faire plaisir, je me suis plié à leur demande. Ils étaient ravis. Seulement, voilà, depuis trois jours, je ne dors plus très bien. Mes nuits sont entrecoupées par les hurlements stridents de Schnoo fouettant l'air de ses quatre pattes, pendant que Pat, dans une course effrénée, saute bruyamment d'un meuble à l'autre, comme un vrai Bruce Lee d'appartement. Mes deux animaux n'ont rien trouvé de mieux que de reproduire les scènes que j'avais dépeintes avec force de détails. Des détails bien souvent inventés, mais qui les avaient, tous deux, fortement impressionnés. Plusieurs fois par nuit, Pat et Schnoo m'obligent à me lever pour mettre fin au simulacre de combats qu'ils ont décidés de jouer, histoire de faire passer plus rapidement le temps, quand ils trouvent que l'heure de la gamelle matinale ne vient pas assez vite. Bien entendu, j'ai parlé de tout ça par téléphone à BBL qui s'est tordue de rire. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que Pat et Schnoo ne semblent pas vouloir renoncer de sitôt à leurs petites mises en scènes. Je les soupçonne même de préparer un magnifique scénario en prévision d'une superbe représentation dans la nuit de Jeudi, alors que BBL viendra tout juste de rentrer d'Angers. Mais tout n'est pas perdu : il me reste encore deux jours pour leur raconter l'histoire du Grand Bleu. Ce film est encore plus mauvais que le dernier des films de kung fu sortis des studios de Honk Kong, mais offre un sérieux avantage qui se laisse facilement deviner si Pat et Schnoo se mettaient en tête de le parodier. Blooop... bloooop... bloop...

jeudi 30 décembre 2010

samedi 18 décembre 2010

Aux anges

BBL est rentrée, hier. Depuis, Pat et Schnoo sont aux anges. Les gamelles s'emplissent comme par miracle. Les friandises sont abondantes. Le lit et les canapés semblent encore plus confortables. L'atmosphère du 205 s'est réchauffée de quelques degrés. En fin d'après-midi, au moment où le soleil était sur le point de se coucher, Pat a rapporté à Schnoo quelques paroles de Benoît XVI entendues, un peu plus tôt, sur Radio Vatican : "La présence invisible de ces esprits bienheureux nous est une grande aide, et d'un grand réconfort : ils marchent à côté de nous, ils nous protègent, en toute circonstance, ils nous défendent dans les dangers, et nous pouvons avoir recours à eux à tout moment." Pat tente de convaincre sa petite soeur que BBL est un ange, et Schnoo ne demande qu'à le croire. Tout va bien.

dimanche 12 décembre 2010

Prix Nobel de la Sieste

Depuis que le froid s'est installé, l'appartement a quelque chose du château de la Belle au Bois Dormant. Par bonheur pour Pat et Schnoo, le salon est meublé de deux canapés. Après quelques petites frictions pour savoir qui s'installerait sur celui-ci plutôt que sur celui-là, chacun a trouvé sa place. Depuis, Pat et Schnoo se sont lancés une sorte de défi. Tous les deux concourent dans l'espoir de se voir récompensés par le prestigieux Prix Nobel de la Sieste. Dans une telle ambiance, j'ai beaucoup de difficultés à fournir le moindre effort, ne serait-ce que celui de tenir ce blog à jour, d'autant plus que je n'ai rien d'un graphomane. Rédiger, à la suite, plus d'une dizaine de lignes me donne l'impression d'accomplir un travail titanesque. Quand je pense que BBL est capable, en une journée, d'écrire plus d'une dizaine de pages, et parfois bien plus quand elle déborde de travail, je loue le ciel de me permettre de vivre, en ce moment, au rythme de l'animal qui ne sait rien de notre si belle civilisation à la con. Heureusement pour BBL, l'heure des vacances sonnera en fin de semaine. Pat et Schnoo l'attendent avec impatience, sachant qu'ils auront à leur service un bipède supplémentaire pour répondre, l'ombre d'un désir à peine esquissé, sur le champ. Vivement les vacances !

lundi 22 novembre 2010

Welcome Schnoo

Emprisonnée dans la cage prêtée par H., c'est vers 15:30 h que la petite Schnoo a passé la porte du 205. Libérée dans l'appartement, son interminable errance dans le périmètre de la résidence, qui durait depuis cinq ou six ans déjà, touchait à sa fin. Elle n'aura plus à chercher refuge d'un jardin à l'autre, à fuir les chiens le coeur battant, à se protéger comme elle le pouvait des intempéries, à éviter les voitures, à respirer le gaz des pots d'échappement, à craindre les passants.schnoo cat Pat a été très surpris de retrouver Schnoo. Il n'avait pas revue sa petite soeur d'infortune depuis le printemps dernier, depuis le 23 Avril, exactement. Pat va peut-être moins bien dormir cette nuit parce que Schnoo ne connaît pas encore les règles de la maison. Aussi, Pat va devoir passer quelques temps à expliquer à Schnoo comment se conduire dans les jours à venir. Schnoo est une fille intelligente, c'est à cette qualité là qu'elle doit sa survie. Elle s’adaptera très vite. Bienvenue Schnoo !

dimanche 14 novembre 2010

Miracles

Le temps de confectionner un sandwich et de le dévorer, j'ai écouté d'une oreille distraite la radio. Des journalistes, des experts, des politologues parlaient, sur un ton solennel, compassé, cérémonieux, du remaniement ministériel qui vient d'avoir lieu. Pat, assis sur un siège à mes côtés, secouait sa tête d'un air désolé. Il se demandait comment je pouvais écouter ça, sans avaler de travers. Au cours de la journée, je n'avais pas pris le temps de lire les titres de la presse nationale, via Google News. Aussi, je découvrais l'affaire du jour. Mais, visiblement, ça n'intéressait pas Pat. Et, honnêtement, ça ne m'intéressait pas non plus. Alors, la dernière bouchée du sandwich ingurgitée, j'ai cherché une station qui diffusait un programme plus en accord avec la crème caramel que je prévoyais de déguster. Au grand soulagement de Pat, qui écoutait attentivement, je suis tombé sur Age Of Miracles, un excellent morceau de Chuck Prophet. Dès les premières notes, Pat, ayant aussitôt reconnu l'un des ses morceaux préférés, s'est mis à fredonner. Un véritable miracle venait de se réaliser : le répugnant marécage de la politique était subitement remplacé par les sables sucrés de l'Océan Pacifique.

mercredi 10 novembre 2010

Pat n'aime pas les modernes

J'ai publié un billet, Flickr, mon ami, sur SCH 2009. Ce blog est resté à l'abandon pendant plus de deux mois. C'est peut-être parce que les températures ont sensiblement chuté que je retrouve le goût d'écrire, de me tenir assis, occupé à pianoter sur le clavier du PC, à proximité du radiateur allumé en fin d'après-midi. Pat a vivement applaudi en me voyant brancher le chauffage. Puis, il m'a confié que, pour lui, la meilleure façon de se réchauffer, c'est de jouer avec BBL. Il est impatient de la voir rentrer à la maison. Alors, pour lui faire passer le temps, en attendant que BBL revienne à Montpellier, je lui lis des passages de La Généalogie de la Morale, du Gai Savoir ou du Zarathoustra. Pat, qui pourtant n'a rien d'un bovidé, aime ruminer les aphorismes de Nietzsche. Pat n'aime pas les écrivains d'aujourd'hui, ces squelettes de poissons d'eaux saumâtres, ces cadavres-vivants inconsistants. Il ne veut même pas y goûter. Je le comprends. Pat et moi, nous aimons les choses qui remplissent l'estomac. Nous détestons la cuisine moderne et personne mieux que Nietzsche ne prépare les opulents tajines allemands que nous aimons tant dévorer, pour les ruminer paisiblement, ensuite, affalés sur la canapé, tout en sirotant du lait frais, du thé ou du café.

lundi 8 novembre 2010

Vladimir

Le petit Vladimir s'est fait piéger, hier soir. La porte grillagée de la cage d'H. s'est refermée sur lui. Il sera stérilisé, vacciné, tatoué. Il ne vagabondera plus comme il l'a fait pendant ces deux années passées.VladimirH. l'hébergera chez elle, à la campagne. Il sera choyé. Il vivra bien moins dangereusement. C'est cette perspective qui me console un peu. Le petit Vladimir va me manquer. Il me manque déjà.

lundi 1 novembre 2010

Courte nuit

Je suis devant l'écran du PC depuis 04:00 AM. Je me suis levé parce que je n'avais plus sommeil. Bizarrement, Pat ne m'a pas suivi lorsque j'ai quitté la chambre. Il doit avoir encore quelques réserves dans l'estomac.landscapeJ'ai regardé avec horreur et fascination des photos satellites sur Google Maps montrant quelques lotissements résidentiels implantés au sud ouest de la Floride : ravages du collectivisme.landscapePat vient de se lever. Il hurle pour me signifier, comme tous les matins à cette heure-ci, qu'il est affamé. Ce post prend donc fin ici. On va déjeuner.

dimanche 31 octobre 2010

Rires sous l'Empire du Bien

BBL m'a offert en début de semaine les Essais de Philippe Muray. Depuis, BBL, Pat et moi nous passons de bons moments à hurler de rire chaque fois que ma chérie s'empare de l'épais volume pour en lire des passages à haute voix. Ce qui se produit plusieurs fois par jour. "La perspective de pouvoir me désolidariser encore de quelques-unes des valeurs qui prétendent unir tant bien que mal cette humanité en déroute est l'un des plaisirs qui me tiennent en vie", disait Muray. C'est le plaisir de lire ce genre de littérature qui nous permet, à nous trois, d'aller plus loin dans le refus de nombreuses valeurs actuelles que la doxa rabâche sans relâche. A commencer par la tolérance, la transparence, la résistance, la solidaristance, la sécuristance, la citoyennance, la travaillance, la grèvistance, la vacance, la bonheurance, la gastronomistance, l'oeunologistance, la voyageance, la culculturance, la poésistance, la technoécolonanoscience et toutes ces choses hyper-modernes, mais pourtant déjà bien rances, qui submergent la vie politique, merdiatique. Le rappel quotidien de ces valeurs moisies, inévitables dans les conversations mondaines, ruminées à longueur de temps par des troupeaux de blogueurs, empoisonne l'existence. Bien entendu, ce ne sont pas les quelques rares écrivains de la trempe de Muray qui mettront fin au cauchemar climatisé dans lequel la société s'est embarquée au siècle dernier. Mais des textes comme les siens permettent de respirer un peu d'air frai, de rigoler. Une larme roule sur le mur de cristal.

lundi 18 octobre 2010

Jamais plus, toujours moins

La règle absolue est de rendre plus que nous n’avons reçu. Jamais moins, toujours plus. La règle absolue de la pensée est de rendre le monde tel qu’il nous a été donné – inintelligible. Et, si possible, de le rendre encore un peu plus inintelligible.
Jean Baudrillard - Le crime parfait
Je suis en train de lire une série d'hommages rendus par une pléiade d'artistes et intellectuels américains, au lendemain de la mort de Baudrillard qui a connu Outre Atlantique une immense renommée, bien supérieure encore à l’écho qu’il eut en France. Ce qui ne me semble pas tellement surprenant puisque, dans ce pays, ce sont des protoplasmes comme Onfray, BHL, Enthoven - découvert la semaine dernière -, Maffesoli ou E. Badinter qui font office de penseurs. Les Johnny Hallyday de la pensée. Triste situation, triste spectacle. Baudrillard avait bien vu la fonction séductrice de la simulation dans les médias, et bien compris que les masses ne sont en rien victimes d’une idéologie dominante, mais complices de la pourriture qui ronge la société, au point de la rendre totalement transparente et parfaitement intelligible. Rien d'étonnant, puisque qu'aucun de ces rapiats ne veut rendre plus qu'il n'a reçu mais cherche, au contraire, à capter, pour le thésauriser jalousement, le moindre don. Aussi, le monde rétrécit de jour en jour. Plus je me débats contre cette sensation d'étranglement, plus je suffoque.

dimanche 10 octobre 2010

Nous sommes le 10/10/10

Nous sommes le 10/10/10. Cette date particulière est l'unique cause qui m'incite à fabriquer un billet. J'aurais pu prendre pour prétexte le fait que le département de l'Hérault soit classé en en alerte orange, ce qui pourrait représenter quelques chose d’événementielle, mais qui est, en réalité, surtout en cette saison, une situation météorologique des plus banales. Je suis même surpris que cette maudite ville n'ait pas encore été inondée, ce qui arrive régulièrement dès que l'automne s'annonce.cloudsComme, depuis deux jours, le ciel est bien nuageux, et que, depuis ce matin, la pluie n'a presque pas cessé de tomber, Pat et moi, nous n'avons rien fait de plus aujourd'hui que de nous traîner d'un canapé à l'autre en cherchant, sans y parvenir vraiment, à oublier que nous étions en train de vivre la première journée véritablement pourrie depuis le printemps dernier. Résigné, j'ai dessiné quelques nuages de mots en utilisant Wordle, un outil sur lequel j'ai, par hasard, remis la main alors que je l'avais recherché, il y a quelques jours, sans parvenir à le dénicher. Pat a trouvé ça assez intéressant. J'ai expédié quelques captures d'écrans de ces beaux nuages de mots à BBL qui nous a renvoyée, par mail, plein de jolis mots bleus ciel, jaunes soleil.

dimanche 26 septembre 2010

Always The Sun

Temperature: 15°C | Humidity: 28% | Pressure: 1009hPa (Steady) | Conditions: Clear | Wind Direction: NNW | Wind Speed: 22km/h
Je n’arrive pas à y croire : la semaine dernière nous étions encore en été, je n’imaginais pas que j’allais si rapidement me mettre à grelotter. Pat va devoir s’habituer à vivre avec les portes-fenêtres fermées.always the sunPour lui faire oublier la sensation d’être incarcéré, je lui fais défiler sur l’écran les photos que BBL nous a expédiées. On découvre son quartier, un lotissement situé dans un endroit boisé de chênes, parcouru de rues bien asphaltées bordées de trottoirs bien propres – nulles poubelles éventrées, débordantes ou renversées -, le long desquelles s’alignent de petites maisons bien blanches surmontées de toits ardoisés à forte pente. BBL habite maintenant loin de la zone sinistrée que représente la région de Montmerdier.belle-vuePat me demande si, nous aussi, nous émigrerons, un jour. Il veut savoir quand est-ce que nous fuirons le tiers-monde pour rejoindre BBL, et prendre, ensemble, la clef des champs. Pat ne comprend pas que, lui et moi, soyons considérés par les voisins comme deux possibles gredins, repoussés aux marges de la Bonne Société, accusés d’être irrigués d'un sang impur, coupables d’êtres porteurs d’un ADN étrange qui s’apparenterait à celui de la horde des Junkies disparus. Mais Pat est encore un peu trop jeune pour vraiment prendre conscience de tout ça. Il sait seulement qu’un jour, BBL, lui et moi, fatigués d’avoir trop souvent croisé sur notre chemin la race des citoyens civilisés, nous finirons par nous évader. J’ai rassuré Pat en lui disant que nous irons vivre dans un pays où le plus proche voisin sera à des années-lumière de l’endroit où nous habiterons, un pays où même l’eau chaude n’aura toujours pas été inventée, une contrée fertile où il ne viendrait jamais à l’esprit de personne d’élaguer une haie ou bien de répandre du compost - avec ou sans agrumes - dans la nature. J’ai décrit à Pat un univers sans média pour colporter des fadaises et des insanités. J’ai parlé d’un paradis sans voisins, sans bricoleurs, sans sportifs et sans touristes. A l’évocation de cette terre promise, Pat s’est lové sur la couette entre deux oreillers. Il m’a dit que je pouvais laisser les portes-fenêtres fermées.

mardi 21 septembre 2010

Fin de l'été

Dans moins d’une heure, l’été 2010 aura pris fin. Ce matin j’ai sorti un pull-over du placard, un vêtement que je n’avais pas eu à porter depuis plus de trois mois. Avec Pat , on discute de la meilleure manière de passer en mode hibernation. Pat craint que le stock de boites de pâtés et de sacs de croquettes ne soit pas suffisant pour affronter les rigueurs de l’hiver. Si je l’écoutais, il me faudrait en commander une demi-tonne chez Royal-Felix, sans oublier quelques palettes de fines et moelleuses tranches de dindes dorées au four. Pat est un fin gourmet. BBL n’a pas les mêmes préoccupations que Pat. Elle se demande simplement comment tenir le coup jusqu’à la fin de l’année universitaire sans succomber au burn-out.satelliteJe fais ce que je peux pour tenter de rassurer Pat et BBL en notant toutes leurs appréhensions, disant que je vais examiner la situation de près et trouver une solution à chaque problème. Je leur explique qu’il suffit de réfléchir plus pour penser plus, que j’ai beaucoup appris en suivant la politique et les méthodes du gouvernement dernièrement, et qu’on trouvera bien un bouc émissaire avant l’hiver…

mercredi 15 septembre 2010

When you scan the radio

BBL, qui nous avait rejoint samedi dernier, est repartie très tôt hier matin. J'ai doublé les rations de Pat pour essayer de le consoler de ce départ. Mais rien n'y fait. Affichant une triste mine, il déambule d'une pièce à l'autre. Alors, pour égayer l'atmosphère, pour que Pat retrouve la sensation des bons moments passés à jouer avec BBL, jusqu'à en perdre le souffle, je lui repasse Such Great Heights par The Postal Service. BBL apprécie particulièrement ce morceau d'electropop. Seuls deux musiciens, Ben Gibbard [vocals, guitar] et Jimmy Tamborello [electronics] composent cette formation. Give Up, sur lequel s'inscrit Such Great Heights est un bon album réalisé en février 2003. Iron & Wine reprendra Such Great Heights l'année suivante. Mais BBL, Pat et moi nous préférons la version originale. Et, j'entends maintenant Pat fredonner : And when you scan the radio / I hope this song will guide you home...

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