Pat pense que, parce que les chats dorment vingt heures par jour, les humains, ces animaux bizarres n'ayant vraiment rien en commun avec la noble race des chats, ne peuvent certainement pas avoir besoin de plus de quatre heures de sommeil par nuit. Aussi, j'ai beau essayé de lui expliquer que je ne suis pas un humain comme les autres, que, malgré mes apparences, je suis plus proche du chat que de n'importe quelle autre créature à deux pattes, Pat reste sceptique. Même si je ne me suis endormi qu'à trois heures du matin, et que je lui demande avec insistance de ne pas me lever en miaulant dans mes oreilles, dès que la nuit pâlit, Pat est sans pitié : aux premières lueurs du jour, il colle son museau contre ma tête et pousse de petits cris stridents. Plus on approche du solstice d'été, plus le soleil se lève tôt, plus je manque de sommeil. Pat s'en fout ! Il estime que, parce que je me tiens debout sur deux pattes, comme n'importe quel volatile, je n'ai qu'à me coucher à l'heure des poules. J'explique à Pat que les poules ne tiennent pas de blogs, qu'elle sont libres de se mettre au lit avant la nuit, et que, de mon côté, je n'écris qu'une fois la nuit tombée. Rien n'y fait. Pat reste
fidèle à sa doctrine disant que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Et, ceux qui se lèvent tôt doivent avoir, dès l'aube, du bon pâté dans leur gamelle. Il est quand même d'accord sur le fait que je ne sois pas une poule, puisque j'ai des mains. Mais, il est persuadé que, si la nature m'a doté de deux mains, c'est parce que je dois me lever de bon matin pour lui ouvrir les barquettes de petits pâtés Sheba que je ramène toutes les semaines du
supermarché. Pat prétend que si je n'avais pas fait le con dans une vie antérieure, je ne serais pas obligé de me lever aux aurores, tous les jours, pour remplir sa gamelle ; mais que j'aurais peut-être eu la chance d'être réincarné en chat, ou, avec un peu moins de chance, en poule, mais certainement pas en humain, la dernière race après les crapauds. Je crois que Pat a raison. Je dois me résigner à sortir du lit tous les matins, à ouvrir les boites de Sheba sans rechigner, pour espérer gravir plus vite le chemin qui mène au Nirvana des Chats. Pat est mon guru bien aimé !